La gravité de la pandémie du coronavirus a poussé les gouvernements de plus de 200 pays à travers le monde à prendre des mesures préventives drastiques, au détriment de leurs économies. L’impact de la pandémie sur l’économie mondiale pourrait être situé entre 2.000 et 4.100 milliards de dollars, soit 2,3% à 4,8% du PIB mondial, a indiqué la Banque asiatique de développement (ADB). Quant au FMI il qualifie cette crise comme étant la pire depuis la grande dépression de 1929. Les bourses mondiales se sont effondrées dès le mois de mars, le prix du baril de pétrole est tombé dans le négatif pour la première fois de l’histoire, et le chômage grimpe en flèche partout.
Mesures préventives prises par le Maroc
Le Maroc a été moins touché à ce jour par la pandémie, comparé à l’Italie, l’Espagne, les Etats-Unis, la France et la Chine, qui ont eu à déplorer le plus de victimes. On ne peut que se féliciter de la stratégie adoptée pour lutter contre cette pandémie. Le Maroc se situe, depuis le 13 mars, à l’avant-garde des pays du monde en termes de mesures de confinement et de lutte contre la propagation du virus :
- Vendredi 13 mars déjà, et avec seulement 8 cas avérés et un décès, le Maroc a procédé à la fermeture de ses frontières.
- Dimanche 15 mars, avec un cas de décès dû au virus, le Maroc avait déjà suspendu tous les vols internationaux.
- Le lendemain, lundi 16 mars, avec 29 cas de contagion, le Maroc a fermé les écoles, les universités et tous les centres de formation. Le ministère de l’Intérieur annonçait l’interdiction de tout rassemblement de plus de 50 personnes, ordonnant la fermeture, en même temps, des lieux publics comme les salles de cinéma, les musées, les cafés et les restaurants. Un peu plus tard, il a été décidé de fermer les mosquées jusqu’à nouvel ordre.
- Vendredi 20 mars, les autorités ont procédé à un nouveau tour de vis en décidant le confinement sanitaire obligatoire. Il n’est plus permis de sortir de chez soi sauf pour aller au travail, chez le médecin, à la pharmacie ou faire des courses.
- Samedi 21 mars (96 cas dont deux morts), la RAM a suspendu ses vols intérieurs. L’ONCF a également suspendu les trains de ligne et réduit au minimum la fréquence des TNR entre Kénitra et Casablanca.
- Le 18 Avril l’état décide de prolonger le confinement jusqu’au 20 mai
Impact de la pandémie sur l’économie marocaine
Le Maroc mène des efforts pour, d’un côté, contenir la propagation du virus sur son sol, et, de l’autre, sauver son économie nationale, dont des pans entiers ont dû brusquement baisser le rythme ou céder complètement à l’arrêt. Les conséquences de la pandémie sur l’économie marocaine sont très difficiles à évaluer, car nul ne sait à quelle date elle prendra fin. Mais d’ores et déjà, le Haut-Commissariat au plan a dévoilé le 22 avril une étude sur l’impact immédiat de la crise :
- La croissance économique nationale serait amputée de 8,9 points, au deuxième trimestre 2020, par rapport à son évolution d’avant crise Covid-19, au lieu de -3,8 points prévu au 7 avril, Cette baisse représenterait une perte globale potentielle d’environ 29,7 milliards de DH pour la première moitié de 2020, au lieu de 15 milliards de DH prévue au 7 avril
- Près de 142 000 entreprises, soit 57 % du tissu économique, ont arrêté définitivement ou temporairement leurs activités. Les TPE sont les plus touchées : elles représentent 72 % des entreprises en difficulté, tandis que 26 % sont des PME et seulement 2 % des grandes entreprises.
- La croissance de la demande étrangère adressée au Maroc a été révisée à la baisse, pour atteindre -12,5% au deuxième trimestre 2020, au lieu de -6% prévu au 7 avril, suite au fléchissement attendu des importations des principaux partenaires commerciaux du Royaume
- L’aggravation du déficit s’explique principalement par l’augmentation des dépenses sociales et économiques liées à Covid19 et la baisse des recettes fiscales, en particulier de l’impôt sur les sociétés, par conséquent, la dette de l’administration centrale pourrait culminer à 73% du PIB en 2020.
- L’investissement, quant à lui, poursuivrait son repli de -26,5% par rapport au deuxième trimestre 2019,
- Un net ralentissement des exportations, des recettes touristiques et des envois de fonds est prévu, car la pandémie perturbe le commerce et les chaînes de valeur mondiales.
- L’incertitude globale sur le marché du travail conduit à la perte d’emplois et de revenus, sans savoir à quel moment ils pourraient être rétablis
- 27 % des entreprises ont réduit temporairement ou définitivement leurs effectifs, ce qui représente près de 726 000 postes, soit 20% de la main d’œuvre des entreprises organisées, hors secteur financier et agricole.
Certains secteurs ont montré des signes précoces de vulnérabilité tels que le tourisme, les transports et la logistique dans les chaînes d’approvisionnement, mais aussi – et plus difficile à mesurer – le secteur informel transversal. Comme attendu, le secteur le plus touché est celui de l’hébergement et de la restauration, dont 89 % des entreprises qui sont à l’arrêt. Elles sont 76 % dans le secteur des industries textiles et du cuir et 73 % dans celui des industries métalliques et mécaniques et 60 % dans la construction. La pêche, les mines et l’agro-industrie sont les secteurs les moins touchés par la crise sanitaire, comptant respectivement 24 %, 32 % et 34 % d’entreprises à l’arrêt.
Impact sur le secteur IT
La pandémie de Covid-19 a eu un impact significatif sur quasiment toutes les branches d’activité et le secteur de la technologie n’est pas en reste.
Le problème principal auxquels les industriels IT sont confrontés en cette période concerne les délais de livraison qui se font de plus en plus longs, à cause de la suspension des importations. Les stocks se vident, les distributeurs ne sont pas en mesure de communiquer de manière efficace sur les délais de livraison. Cette pénurie sévère du matériel risque d’entrainer une augmentation des tarifs, et fait que la planification des projets et des déploiements devient aléatoire et difficile à structurer.
Le secteur IT dépend principalement de la dynamique économique locale et des investissements des grands donneurs d’ordre notamment les opérateurs Télécoms, les banques, les entreprises privées et les administrations publiques et à moindre degré l’export constitué essentiellement de l’offshoring. Suite à cette crise Covid19, tous ces secteurs ont révisé leurs priorités d’investissement et aussi la cadence d’exécution de leurs projets en cours s’il ne sont pas simplement arrêtés. Ce qui induira un impact négatif sur le Business des entreprises opérant dans le secteur IT.
En parallèle on peut dire La crise a eu un impact positif au niveau de la vente de certaines solutions IT. En effet, le passage en télétravail d’entreprises entières, dans le cadre des plans de continuité d’activité de coronavirus, a entrainé une augmentation du recours aux solutions de travail collaboratif de télétravail et de visioconférence et aux plateformes VPN.
Ces perspectives d’impact, restent étroitement liées à la nature en évolution rapide de la pandémie, aux réponses des décideurs et à l’économie mondiale. Le MAROC devrait trouver le bon équilibre entre son action pour éviter les effets sociaux et économiques de la pandémie tout en veillant à ce que l’économie soit prête à se remettre rapidement après la fin de la pandémie.